New Designers 2022 : Rencontre avec Tom Golland
Clap de fin sur ces deux semaines riches en émotion avec l'interview de Tom Golland, second lauréat de l'université de Kingston, autour d'une discussion passionnante sur sa création récompensée « Metal in Marble », ses inspirations et ses projets futurs...
1. Toutes nos félicitations pour votre prix ! Comment vous sentez-vous et que signifie cette récompense pour votre avenir et votre métier ?
C'était à la fois surréaliste et grisant de recevoir ce prix ! Je suis reconnaissant et flatté d'être associé au nom de The Conran Shop et je pense que cette récompense et l'opportunité de travailler avec votre entité seront précieux pour mes projets futurs.
2. Pouvez-vous nous en dire plus sur vous et votre projet ?
J'ai 22 ans, je suis originaire de la région des Midlands de l'Est et viens d'être diplômé de la Kingston School of Art en design de produits et mobilier.
Mon projet « Metal in Marble » explore l'imitation des matériaux. De nos jours, il est possible d'envelopper n'importe quelle surface d'une image réaliste, pour imiter un autre matériau par exemple. Cela n'a pas toujours été le cas ; avant les technologies actuelles, les artistes et les concepteurs développaient des solutions pour imiter des matériaux spécifiques, cachant le matériau utilisé pour support. En ce qui concerne ce projet, des feuilles d'aluminium sont imprimées numériquement avec un motif de points en demi-teinte, pour imiter les veines du marbre. L'apparence et les propriétés physiques de la tôle d'aluminium sont conservées et même mises en évidence. La surface métallique continue de refléter son environnement. Les possibilités d'impression sont nombreuses. En outre, l'aluminium peut être facilement recyclé à la fin de la durée de vie du produit, que l'on espère prolongée.
3. Quelles sont vos inspirations et suivez-vous un processus particulier pour mener à bien vos projets ?
Avant ma dernière année, j'ai travaillé pendant six mois comme stagiaire pour Chris Kabel, un studio de design basé à Rotterdam, aux Pays-Bas dans lequel j'ai pu observer leurs méthodes de travail et participer notamment à divers projets de design. Une expérience particulièrement enrichissante.
L'année dernière, je passais mon temps à feuilleter des livres d'art, de mode et de design de façon aléatoire à la bibliothèque. J'aime beaucoup cette façon de puiser mon inspiration, pour ensuite approfondir un sujet spécifique. Pour d'autres créations, c'est beaucoup plus simple. L'inspiration de mon second projet de fin d'études est venue d'une observation obsessionnelle de la lumière en mouvement et réfractée sur des plans d'eau. En soi, c'est un projet qui porte également sur l'imitation et la réinterprétation. J'expérimente aussi physiquement divers matériaux et des modèles grossiers, parfois sans idée spécifique en tête. Tout au long de ce processus, je photographie et filme beaucoup de choses, et me retrouve à voir mon téléphone bien plus qu'un carnet de croquis. J'accord aussi énormément d'importance aux discussions et échanges avec mes amis et homologues.
4. Connaissiez-vous The Conran Shop et l'héritage de Sir Terence Conran ? Ont-t-ils eu une influence sur votre travail ?
Sir Terence Conran a eu un impact considérable sur le design tel que nous le voyons aujourd'hui. En façonnant le regard des gens sur le design, il a permis aux designers comme moi d'exercer ce qu'ils aiment. Ces dernières années, je me suis souvent rendu dans les boutiques The Conran Shop et au Design Museum, deux entités qui ont grandement influencé ma créativité.
5. Quelle importance accordez-vous à un événement comme New Designers pour les artistes émergents ?
Selon moi, il s'agit d'une transition essentielle entre l'enseignement et le monde professionnel. C'est formidable de pouvoir parler non seulement de son propre travail, mais aussi de celui des autres, et de recevoir un retour de la part de membres du milieu, ainsi que de nos homologues. Sans parler de la conférence et des ateliers qui peuvent fournir de précieux conseils pour développer son entreprise.
6. En regardant autour de vous, avez-vous constaté des tendances émergentes, des préoccupations communes ou des matériaux communs avec vos homologues ?
Comme on pouvait s'y attendre, la durabilité est une préoccupation commune à toute une série de projets. En regardant autour de soi, beaucoup semblent se concentrer sur le choix des matériaux et sur la manière de les utiliser efficacement et sans excès.
7. Selon vous, quels sont les plus grands défis auxquels sont confrontés les designers émergents ?
Je pense que le premier pas dans l'industrie est le plus grand défi. Outre la créativité, l'expérience du fonctionnement exact du secteur peut être décourageante. Être naïf et apprendre en faisant des erreurs est une façon d'apprendre, mais on peut espérer l'éviter autant que possible.
8. Quelles sont vos ambitions pour les cinq prochaines années ?
En rapport avec ma réponse précédente, je souhaite développer mes connaissances et mon expérience dans le milieu. J'aime travailler en collaboration avec d'autres artistes et professionnels, que ce soit avec des clients, au sein d'équipes ou avec des amis, et j'espère pouvoir le faire encore plus.
Dans un avenir proche, pour surfer sur la vague New Designers, je souhaite poursuivre de nombreux projets qui me tiennent à cœur. L'un d'entre eux explore les finitions à revêtement par poudre et leurs possibilités en matière d'art et de design.
9. Qu'est-ce qui rend, selon vous, un design intemporel ?
Je pense qu'un design intemporel doit avoir une valeur émotionnelle durable. La durée des émotions peut être atteinte de multiples façons, par l'esthétique, la narration ou la simple fonctionnalité d'un design.
10. Enfin, quelle est votre pièce de design préférée et qui est votre designer fétiche ?
Difficile de choisir une pièce et un designer spécifiques. Cela dit, je ne me lasse pas de regarder les œuvres de Max Lamb et de Gaetano Pesce. Je les admire tous deux pour leurs approches non conventionnelles des matériaux.