L’univers merveilleux de Charlotte Bourrus
Suite à son passage dans notre showroom rue du Bac à Paris pour une animation des plus passionnantes, Charlotte Bourrus nous dévoile en exclusivité les coulisses de son métier.
1. Bonjour Charlotte, bienvenue chez The Conran Shop, nous sommes ravis de pouvoir échanger avec vous. Pourriez-vous nous en dire davantage sur vous et votre parcours ?
Je suis une graphiste devenue artiste. J’ai étudié aux Arts Décoratifs de Paris. J’ai ensuite travaillé dans des studios de design graphique, c’était très à la mode d’être graphiste en 2000. Il y avait plein de studios hyper branchés. On était freelance. J’ai ensuite fait des passages dans des boîtes, dont Volcom dans le sud-ouest (où je suis revenue vivre), j’ai adoré travailler avec eux. J’y ai rencontré des artistes dingues. C’était une compagnie, californienne indépendante (à l’époque…) qui mixait surf, skate et snowboard. Autant dire que tous les éléments me plaisaient, leur ADN graphique était le damier noir et blanc, post punk. Ils m’ont beaucoup appris. Puis, passage chez les créatrices de bijoux Hipanema, et finalement j’arrive à mon projet. Il a éclos à la trentaine. Je l’ai beaucoup mûri !


2. Racontez-nous l’histoire qui se cache derrière vos créations. Comment est née cette idée ?
Je crois que ma passion du papier et du collage remonte à l’enfance. Petits carnets, papeterie, j’étais fascinée par ce monde-là. Je découpais des journaux, pour les refaire. Couper, coller : voilà ce que je faisais à 10 ans dans ma chambre. Et à 43 ans, c'est que je fais dans mon atelier. Aux Arts Décoratifs, j'ai pu y développer ma passion du collage. Tant concret qu’abstrait. Mon projet de fin d’étude était une vidéo documentaire, « Algérie(s) », croisant les récits de quatre Algériens ou d’origine algérienne, sur leur rapport à leur pays d’origine et d’accueil. Il fut littéralement l’embryon de mon projet THE MAP. Un collage de voix qui évoque le rapport aux frontières, les marqueurs culturels, les fossés et les liens… J’ai ensuite travaillé des années plus tard, vers 2013, ma première carte d’Afrique. Mes premiers voyages ont beaucoup contribué à nourrir THE MAP. Les plans des villes que j’apprenais presque par cœur, les atlas qui ont envahi mon bureau... Aujourd’hui, mes globes et mes cartes racontent des récits du monde. Je parle au monde, et j’embarque les gens avec.
3. Véritables œuvres d’art inédites, vos globes et vos cartes interpellent par leurs détails minutieux. De quelle façon procédez-vous pour donner vie à chacun de ces modèles ?
Le travail en amont est plus qu’important. Il fait tout. Ma collection d’informations. J’épluche tous les visuels possibles et imaginables. Depuis toujours par ailleurs. Magazines, bout d'affiche à un coin de rue à Barcelone, un film hongkongais qui me fait pleurer, un son qui me rappelle les soirées douces sur la Riviera, tout peut venir animer une destination.
Le collage de toutes ces références éclectiques formera ces dioramas très bavards (comme moi !) que vous trouvez chez The Conran Shop !


4. Au-delà de l’aspect créatif, qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier, et d'où puisez-vous votre inspiration ?
Je suis comblée de travailler avec mes mains, il y a une satisfaction incomparable lorsque l’objet est terminé. Je suis inspirée par tout, tout ce qui m’entoure. Mon regard est très facilement distrait par une couleur ou une forme. Je vois les images, moins les mots !
5. Vous avez collaboré avec de grands noms tels que Voyageurs du Monde, Elle ou encore Bergdorf Goodman, pour n’en citer que quelques-uns, quelle démarche suivez-vous pour créer un univers propre à chacune de ces marques ?
Cela dépend. Voyageur du Monde a pris une carte du monde que j’avais déjà créée. En revanche, lorsque je crée une vitrine ou une exclusivité pour une marque, nous dialoguons autour de leur histoire, ou du scenario qu’ils veulent voir apparaitre en volume... On se rend compte que tout est lié à notre parcours géographique. Je viens broder autour des inspirations données avec ma collection, je cherche, j’imagine un diorama qui les racontera. De fait, aucun ne peut ressembler au suivant, c’est votre propre histoire. Unique, comme vous. J’écoute, et je retranscris.


6. Si vous deviez choisir vos trois accessoires préférés chez The Conran Shop pour décorer votre intérieur, lesquels choisiriez-vous et pourquoi ?
Juste trois ? Sans hésiter, une table Saarinen par Knoll en marbre, la ronde je précise. Une chaise de bureau démente, la EA217 des Eames par exemple. Mon atelier est éclairé par les Tolomeo d’Artemide, je prendrais donc la Tolomeo géante pour mon salon... (Et aussi, un drapeau de Pangea, la lampe Snoopy, tout l’art de la table...)
7. Enfin, quels projets vous attendent cette année ?
Nous collaborons avec Bergdoff Goodman en cette fin cette année et créons une pièce personnalisée pour eux. Je suis très fière d’être présente au sein de leur sélection. Les autres projets de la fin 2022 sont secrets. Nous créons régulièrement des pièces exclusives pour des marques, qui les offrent à des gens « importants », les contenus sont confidentiels. C’est dommage, j’aurais beaucoup aimé m’en vanter ! Sinon je lance un appel : une giga vitrine de Noël pour The Conran Shop ?!
